🎙️ ITW Arnaud MELA par le #MagSport Radio Albigès

12 . 11 . 2020 | Actualités

Arnaud, à Albi, tu avais vraiment du mal à lancer ta saison ainsi qu’une véritable dynamique, c’était toujours entrecoupé soit d’intempéries comme contre Bourgoin ou de Covid. L’arrêt des compétitions ne t’arrangeait pas ? 

AM (Albi) : Non, ça ne m’arrangeait pas, un peu aussi dans l’idée que l’on bataille pour aller chercher une Pro D2 et là, on s’est encore un peu éloigné de la LNR en acceptant de ne pas jouer. Mon président, tout comme moi, était d’accord pour dire qu’à huis-clos, on ne peut pas vivre mais j’aurai bien aimé qu’on bataille un peu et qu’on demande peut-être une aide de l’Etat différente pour qu’on puisse continuer ce championnat. Il n’y a qu’une chose que je crains, c’est qu’à la fin, il n’y ait pas de montée. Je l’ai vécu l’an dernier et si on le revit cette année, j’ai peur que l’on coupe cette passerelle.

 

Cette passerelle entre monde amateur et monde professionnel, elle est quand même importante ? Tu en es un peu la quintessence, tu as commencé dans le monde amateur pour aller ensuite dans les centres de formation puis tutoyer les grandes équipes pros ? 

AM (Albi) : Il y a toujours des joueurs qui passent du Stade Toulousain au Stade Toulousain mais il y a peut-être 40% des joueurs en France qui sont passés par le monde amateur. On le voit aujourd’hui, c’est de plus en plus à la mode que des gens aillent chercher du temps de jeu en Fédérale 1 ou en Pro D2. Donc, il faut essayer de regarder ça du plus proche possible et moi, j’espère qu’on ne va pas se le refaire comme l’an dernier. C’est difficilement vivable d’investir dans des clubs, de donner beaucoup et de ne pas avoir ces montées à la sortie. J’anticipe et je craignais ça, ce n’est pas plus mais je suis comme vous, je sais que, quand on a personne dans le stade, c’est compliqué pour nous payer à la fin du mois. Mais j’aurai aimé que l’on partage la part du gâteau à trois divisions.

 

Arnaud, est-ce que l’idée de reprise anticipée des entraînements de Suresnes peut faire germer quelque chose du côté d’Albi ? 

AM (Albi) : C’est quelque chose à quoi nous avons réfléchi nous aussi, de sortir deux créneaux de deux heures chacun dans la semaine pour pouvoir s’entraîner au moins deux fois. Ce n’est pas que nous n’avons pas confiance en les joueurs mais je sais très bien que, si je les laisse un mois, ils vont peut-être s’entraîner une semaine et demi tous seuls à tenir mais après, petit à petit, ils vont lâcher. Donc, je suis en train de réfléchir là-dessus aussi pour voir si nous pouvons faire deux créneaux de deux heures, un le mardi et un le jeudi. Sans parler de s’entraîner ou de jouer réellement au rugby mais au moins garder un peu de condition physique et après, ils pourront se faire des suppléments plus sérieux chez eux, à moins d’un kilomètre de chez eux mais nous allons essayer de jouer avec ça aussi et de garder au moins nos joueurs à peu près en forme.

 

Cette situation-là, à moitié au chômage tout en essayant de s’entraîner, peut raisonnablement durer combien de temps sans perdre les conditions physiques et les qualités rugbystiques des gars ? 

AM (Albi) : Les mecs s’entraînent tous les jours 4 heures de temps et que tu passes à deux heures dans la semaine, il est sûr qu’au bout de 10 / 12 jours, tu commences à perdre et ça, ça sera difficile à récupérer. Après, ce sera le sérieux des joueurs : est-ce qu’ils vont faire un peu gaffe chez eux, est-ce qu’ils vont se rajouter une heure de footing pas loin de chez eux ? Tout ça est difficile à gérer, déjà avec le confinement précédent, nous avions retrouvé des joueurs qui avaient quand même vraiment perdu physiquement. C’est une situation un peu compliquée, il y a aussi beaucoup de confiance envers ses joueurs et c’est pour cela que je pense que la solution de Suresnes n’est pas mal. Ca permet de contrôler mais aussi de continuer à bosser un peu le rugby et de perdre moins de temps que les autres.

 

Arnaud, que penses-tu de toutes ces propositions, qu’elles soient de Blagnac, de Narbonne ou de Suresnes ? Tout le monde a des problématiques différentes, tout le monde a des idées un peu concordantes qui divergent. A Albi, on a une grosse problématique, celle de n’avoir joué qu’un seul match à domicile sur 4 rencontres d’effectuées. Ca pèse aussi dans la balance ? 

AM (Albi) : Il est sûr que la péréquation sur le début de saison m’handicape beaucoup, avec juste une réception, je suis perdant. Dans l’idée de Suresnes (rééquilibrage des matchs sur les 6 premières journées + péréquation novembre/décembre 2020 / phase retour normale et playoffs allégés), de pouvoir récupérer les matches qui me manquent et de pouvoir améliorer ça, ça m’intéresserait. Après, je préférerai finir avec les demi-finales et pas la finale parce qu’à la rigueur, ne pas savoir qui est champion, on s’en fout un peu. Mais, si on peut passer la demi-finale, cette formule de faire juste les demis est intéressante. Quant à la seconde proposition, j’y suis beaucoup gagnant mais j’ai regardé la proposition N°2 de Blagnac en tenant compte de la saison dernière (Système de péréquation avec prise en compte des points de l’année dernière + 2 poule de 7 géographique et playoffs) et tous les clubs qui postulent réellement à la montée en Pro D2, car je pense sincèrement que sur notre poule de 14, nous ne sommes quand même pas 14 à vouloir monter en Pro D2 l’année prochaine, sur ce calcul-là de la proposition, tous les clubs qui veulent réellement monter sont quand même gagnants. Donc, je trouve que c’est aussi une bonne solution mais j’aime bien la solution de Suresnes, je la trouve bien. Si on pouvait commencer dès Janvier à jouer et remettre les compteurs à zéro avec tout le monde ayant joué ses 6 matches pour ensuite réattaquer, je trouve que ça serait bien aussi. Après, ça va faire des gros blocs et le souci des matches reportés, à la différence de la Pro D2, c’est que nous avons chez nous un protocole qui est quand même beaucoup plus souple et on arrive quand même plus ou moins à gérer le Covid. On est mal placé parce-que moi, je n’ai pas réussi à le gérer et Narbonne non plus, mais c’est quand même un peu plus souple que la Pro D2 et on arriverait quand même à gérer en testant nos joueurs et en les isolant et peut-être arriver à jouer quasiment la totalité des matches.

 

Pour faire un trait d’humour, je retiens que tu préfères jouer une potentielle montée à un potentiel titre malgré qu’Albi est une armoire aux trophées désespérément vide 

AM (Albi) : Tu sais, je suis monté avec Albi en 2006, je n’ai pas été champion de France mais nous nous étions construit un bouclier aussi beau que celui de la Fédé (rires).

 

Arnaud, avec une équipe que l’on sait quasiment 100% pro à Albi à une ou deux exceptions près, tu tends à prendre le wagon de la Pro D2, comme l’a dit Alain Roumegoux, essayer de tendre vers les canons de la Pro D2. Mais, tu n’as pas peur que le revers de la médaille soit que l’on revienne à la Fédérale 1 Elite où les canons étaient tellement hauts qu’il n’y avait pas assez de participants ? 

AM (Albi) : Oui mais il faut aussi que l’on prenne des risques, c’est franchement compliqué pour nous comme pour tout le monde. Nous avons eu un match chez nous depuis le mois de Mars, une rentrée d’argent chez nous. Ils disent de passer les stades à 5 000 mais 5 000, on ne les fait jamais mais si on repassait à 2 000 / 2 300 personnes, on rentrerait à nouveau un peu d’argent dans les caisses et on recréerait aussi quelque chose avec nos supporters. Aujourd’hui, nos supporters sont chez eux, tu joues à huis-clos ou devant 1 000 personnes, il y a aussi des gens qui ont peur et qui ne viennent pas au stade. On est en train de se séparer de ce côté-là, de celui où les gens ont besoin de vivre des choses avec nos joueurs et si on continue comme ça, j’ai peur pour le rugby. Bien sûr, à la télé, le Top 14 et la Pro D2 ne risquent rien, ils sont aidés et ça va le faire mais nous, notre situation à nous est très compliquée. J’ai peur qu’on perde du monde et qu’on ait du monde si on est en phases finales : en demi-finale, tu auras du monde qui viendra voir ce match-là. Mais là, je pense que nous sommes un peu en danger et qu’il va falloir qu’on trouve des solutions pour pouvoir au moins remettre 2 000 personnes dans un stade. Nous avons vendu des prestations à des partenaires et les pauvres, ils n’ont rien et aujourd’hui, la survie de tous les clubs, je pense, elle est en danger. Donc, si nous n’avons pas d’aide de la télé, de la Fédé, de la Ligue ou je ne sais pas de qui, ça va quand même être compliqué de continuer comme ça. Et le Covid ne va pas fermer la porte dans trois jours, au mois de Janvier, il y aura aussi du Covid.

 

Tu fais partie de ceux qui sont persuadés que, s’il y a une reprise le 10 Janvier, elle se fera à huis-clos ? 

AM (Albi) : À huis-clos, je ne le souhaite pas, il faudrait au moins une porte à 1 000. Mais même 1 000, nous, nous avons 1 400 abonnés alors, on trique qui ? Donc oui, je pense que l’on va mettre à huis-clos au moins jusqu’à Février mais ce que je crains, c’est que l’on se prenne un confinement tous les 4 ou 5 mois d’un mois dans la gueule et qu’on se retrouve à nouveau avec des soucis à gérer. On en a pour deux / trois ans, on ne va pas gérer ça comme ça.

 

Tu penses que la Fédé devrait prendre sa mallette de VRP et aller au Ministère plaider la cause de la Fédérale 1 et de la Nationale ? Des autres championnats aussi mais la Fédérale 1 et la Nationale sont quand même des championnats semi-pros où les clubs ont souvent les contraintes du monde professionnel et celles du monde amateur mais peu de subsides de l’un ou de l’autre

AM (Albi) : La Nationale devrait être le bijou de la Fédé puisque c’est le plus haut niveau de la Fédé donc, on devrait être un peu plus aidé, un peu plus soutenu. Je sais qu’ils font des efforts mais nous avons besoin de plus et aujourd’hui, je pense que ça ferait du bien à tous les clubs d’avoir un coup de main même s’il y a des clubs comme Suresnes qui ont l’air de mieux gérer que d’autres. Nous, nous avons peut-être plus de charges mais en tous cas, je sais que tout le monde a besoin d’un coup de main et sans ça, ça va être difficile de se projeter. Même à moyen terme, comme parle Marc, ça va être difficile parce qu’il va falloir régler le court terme.

 

Arnaud, pour toi, les perspectives sont une immense course contre la montre parce qu’Albi n’a pas eu de chance entre Covid et intempéries. Il va maintenant falloir rattraper le retard avec un calendrier compliqué et, quelles que soient les solutions, cela va être une course contre la montre géante. L’avantage, c’est qu’il n’y a rien de mieux qu’une course contre la montre pour motiver les joueurs ?

AM (Albi) : On verra comment ça va se dérouler. Logiquement, vu ce qu’il me reste à jouer comme matches, il ne va pas me rester beaucoup de week-end de repos. A aujourd’hui, on avait des blocs de 4 et des blocs de 5, on n’a rien fait donc pour manager, ça n’est pas facile. Tu as des joueurs qui ne jouent pas un week-end, tu prévois de les faire jouer celui d’après  mais il n’y a pas de match donc, la perspective du club est déjà d’enchaîner un mois de Janvier de rugby, un mois de Février de rugby et on fera le point à la fin mais au moins essayer d’enchaîner une demi-saison normale. Après, on fera comme ce sera décidé à l’étage au-dessus, on va suivre, moi, je souhaite faire un maximum de matches. Les joueurs sont payés pour, ils s’entraînent et leur passion est de jouer au rugby et aujourd’hui, on leur parle plus de ça mais que de Covid et de changements d’emploi du temps donc, au moins essayer de finir une saison à prendre du plaisir à faire son métier qui est quand même des plus plaisants.

 

La passion avant tout ? 

AM (Albi) : VoilĂ 

 


Arnaud, tu as deux passions : le rugby et la chasse. Le seul avantage de ces vacances forcées, c’est que tu vas peut-être pouvoir aller faire la seconde ? 

AM (Albi) : La chasse est fermée aussi (rires).

 

Tu n’as pas de bol, tu es comme Marc Delpoux (Co Pdt Narbonne et Restaurateur), double peine…

AM (Albi) : Moi, c’est une passion. Du coup je fais quelques travaux chez moi, ça m’occupe et ça me permet de penser Ă  autre chose que toujours Ă  ces mĂŞmes conneries…

 

Propos recueillis par LoĂŻc ColombiĂ© lors de l’Ă©mission

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